Comme on remonte le cours de l’eau

Par Adria, Nora

Ceci est une création de Nora et Adria au pied de l’oeuvre “Water ring” de Gérald Ducimetière (Veyrier/Suisse, 1940)

Water ring, 1977
Intervention dans l’espace public, fontaine
Porphyre, pavés, système hydraulique
Diam.: 542 cm; haut.: 35 cm

Collection du Fonds d’art contemporain de la Ville de Genève (FMAC)

Invisible. Cette œuvre dépasse du sol mais se camoufle dans la même couleur que les pavés. Il faut être vraiment curieux pour se pencher et découvrir une sorte de liste de morts de guerre… mais ô surprise on y retrouve le lac Léman et l’Arve à la fin des deux listes. Ce sont plutôt des listes de vie?

On fait partie de l’œuvre puisqu’on y retrouve notre chez nous. Alors on remonte ces listes comme on remonte un cours d’eau, d’ailleurs ce ne sont que des cours d’eau jusqu’au même début des deux listes où se trouve notre antipode en Nouvelle-Zélande. Ces listes des morts ressemblent maintenant à des listes scientifiques, des relevés géographiques. Chaque liste nous amène à notre antipode, en voyageant par le sud via l’Afrique et par le nord via les pays scandinaves.

Eau. Cette fontaine déborde des deux côtés, l’eau ne jaillit pas mais s’écoule timidement, comme une présence permanente qu’on oublie même si elle est la source de toute vie. Avec ces deux listes, on réalise que l’eau traverse le monde et connecte les antipodes.

Eau invisible. Toujours présente comme l’eau, l’œuvre est invisible. Toujours présente comme l’œuvre, l’eau est invisible. L’eau est invisible. Mais comment est-ce possible d’oublier l’eau alors qu’elle nous connecte et nous garde en vie?
Nora – 28 ans – Française et Canadienne
Àdria – 33 ans – Espagnole